Evolution
Oui, la naissance de mes enfants a changé ma vie, ils m’ont fait naître.
Grâce à la naissance du premier, j’ai pris conscience que
je pourrais être maître de ma vie. Je n’ai pas apprécié certaines façons de
faire des personnes qui m’accompagnaient, et je me suis donc dit pour le 2ème
que je ferais différemment.
Et là, pendant 9 mois, j’ai commencé à me poser des questions sur ce que je
souhaitais vraiment. Et pour élargir mes souhaits, j’ai lu des livres, j’ai
cherché des témoignages de parents qui s’étaient eux même posés la question et
qui avaient eu la chance de rencontrer des professionnels qui leur avait donné
la possibilité de vivre ce qu’ils souhaitaient.
Et me voilà partie en 1999 sur l’envie d’accoucher à la maison, avec une sage femme qui m’accompagnerait. Je cherche la sage femme aux alentours de là où j’habitais, et je m’aperçois avec déception qu’il n’y en a pas. La plus près se trouve en Bretagne; elle me dit toutefois que si nous nous rapprochons de chez elle, elle veut bien nous accompagner. Je lui réponds que non, je ne veux pas sortir de chez moi; quitte à devoir sortir de chez moi, j’irai au plus près.
Donc je devais imaginer mon enfantement avec cette réalité. Celle-ci me permettra d’écrire ce que j’ai nommé « projet d’accouchement ». J’ai écrit ce document pour me rassurer : si je ne rencontrais pas auparavant la sage femme qui sera présente le jour J, hé bien elle aura au moins lu dans mon dossier ce que je souhaite pour ce moment magique.
Du jour où j’ai donné ce projet au gynécologue qui me
suivait à la maternité, que j’avais choisi pour son côté plus humaniste, j’ai
du rencontré une bonne partie de l’équipe.
Car tout le personnel avait entendu parlé de ce projet, rebaptisé par le chef
de la maternité « contrat » et celui-ci a même été mis sur un site de
discussion « doctissimo » sans mon autorisation.
Je fus étonnée de voir comment ce projet a été vilipendé. Le papa était, lui,
furieux, et m’a dit : « De toutes façons, ils feront ce qu’ils
veulent, mais nous serons seuls dans la pièce ».
Ni une ni deux, je rappelle la sage femme de Bretagne afin
de me retrouver en sécurité, et je décide de partir trois semaines en Bretagne.
Ma fille naîtra sur la terre bretonne, en toute sérénité, le 29 février 2000.
Depuis, un 3ème est né, en Bretagne également, avec des propriétaires ravis de
savoir qu’une naissance s’est produite dans leur propriété. Bien sûr ils
n’étaient pas au courant avant ! Car j’avais compris précédemment qu’il ne
fallait mieux pas exprimer son projet avant de l’avoir vécu. Trop de peurs
humaines nuisent à un tel projet. Seuls ceux qui le respecteraient, sauraient.
Ceci dit, cette expérience de projet exprimé permet depuis, symboliquement je dirais le 1er janvier 2000, d’accoucher avec un projet personnalisé, de changer les habitudes, et de permettre à des parents de s’approprier davantage la naissance de leur enfant, ce qui était le désir de beaucoup de professionnels.
Depuis, je suis conscience que rêver sa vie permet aussi de vivre ses rêves; et j’applique cette devise dans tous les domaines de la Vie.
Ce qui est évidement en lien avec le « café des
parents et des enfants », car je souhaitais qu’existe un lieu où les
parents puissent se retrouver entre pairs.
Au départ, deux ans avant l’ouverture, l’idée était plutôt de critiquer
certains professionnels et de faire le contraire, heureusement nous nous sommes
aperçus que nous faisions comme eux. C'est-à-dire ne pas accepter la
différence.
Alors voilà, l’idée du café est de dire
que personne ne détient la vérité sur la naissance, sur l’éducation, mais
plutôt chacun détient la sienne et aucune ne peut être un modèle.
Christèle, le 18 novembre 2010 (10 ans après !)